Tuesday, December 25, 2012

A MESSAGE FROM THE LONELY SEASON

You described reality and it smelled like chloroform.
Orphan of an answer,
you tried once, and another time,
     in desperate attempt,
To avoid - but unable - revealing
the image of pain,
adjacent between your words.

Are these words only things and no more than messages?
Like poetry and lies,
they are no more than objects
made of words
carriers of the messages of your lonely season?

You believed I could be seen through,
remote, predictable, sentimental, vulnerable.
Remote and unattainable,
and too far to fill
that void.

In the silence of the dawn,
I burn an incense, 
For poetry can be made of no words,
It happens with the heart only.

Remotely, only the heart can save us.
Remotely only the heart can save us.

Sometimes, the wind favors the clouds,
Yet I stand still,
"Away you go!" I said to the wind
"Give me back my clear sky"
But Karma stood by its side.

Us, remotely unattainable once again.
Back to the lonely season, the one you built, now also mine
with its clouds, and its undecipherable messages made of chloroform smelling words.

Wednesday, November 28, 2012

LA BOCA DEL LOBO

Avant de quitter Quito j’ai eu un dernier repas avec un cinéaste, très doux, très gentil et très ivre aussi. Il m’a reçu avec beaucoup de scepticisme. Tu sais, les gens en l’Equateur, son doux, ils parlent comme si la seule façon de parler c’était avec tendresse, même quand ils sont de caractère dur, comme lui, un vieux militant d’un mouvement politique, ils gardent une allure calme, tranquille, sans agressivité.

Je t’écris d’ici, a Lima, assise sur le toit de la maison de mon ami Mirko - qui dort - je ne supporte pas le silence du petit matin, ces émotions fortes que je ressens m’empêchent de dormir et je pense en silence a ce grand voyage que je viens de prendre. C’est une nouvelle expérience de faire face à la peur, je crois que je m’en sortirais victorieuse.

Sur les toits voisins j’aperçois des drapeaux rouges et blancs, c’est la fête nationale. Tout le monde se prépare à regarder demain par la télévision la prise du pouvoir du nouveau président Alonso Garcia. C’est ironique, mon arrivé ici se passe juste un jour avant la prise du pouvoir. C’est le destin, les accidents de la vie. Je viens pour récupérer ma mémoire, mes souvenirs, et je trouve un pays qui vit une amnésie collective. Alonso Garcia deviens président une deuxième fois, la première fois il avait fuit le pays en le laissant en ruines, et vingt ans plus tard les gens ici le réélisent….La vie est paradoxale.

Alors c’est comme ça que j’ai rencontré M. Samaniego a Quito. Je l’ai appelé le matin quelques heures avant mon départ, il m’a donné rendez vous dans un restaurant du centre de la ville. « On peut se voir a La Boca del Lobo, un très bon restaurant pas cher » M’a-t-il dit.

J’ai raccroché et dit en souriant a Diana - ma fidèle et chère amie dont je t’ai parlé: « Quel endroit pour se voir avant mon départ au Pérou ». La Boca de Lobo : La Bouche du Loup. Serais ça un présage ?

Je crois que tu m’avais demandé à l’hôtel pourquoi je prenais ce risque. Je t’avais répondu ?

Samaniego, le doux militant, il me parle de son projet de film : «J’essaye d’étudier comment était la vie quotidienne des anciens guérilleros pendant leur vie en clandestinité. » On boit de la bière, on mange un délicieux plat de poisson cru, et sa voix continue à être calme, presque indifférente, sans passion.

Au même temps que la conversation se déroule je me demande quel est le but de mon long voyage. Pourquoi prends je ce risque dont tu m’avais fait réfléchir.

Mais, je suis finalement la, a quelques moments de mon départ. Je suis effrayé, j’appelle constamment mon avocat au téléphone. Il est en vacances et il ne peut pas venir à l’aéroport pour me recevoir comme c’était prévu. J’ai une mauvaise prémonition, mais c’est trop tard, il faut aller  à la rencontre de moi-même. A la rencontre d’une parti de mon histoire. Une pensée continue a venir a ma tête: Quel est la signification de tout ça ? Quel est le sens de tout ce long voyage, ce grand effort que je fais pour maintenir la clarté sur qui je suis?

« C’est une belle idée », il me répond quand je lui parle sur l’histoire pour mon film. En faite, cette idée a été conçue pendant notre conversation dans le café de notre hôtel - parce qu’il est a nous cet hôtel, n’est ce pas, Carlos?

Tu ne retournerais jamais à ce café, à cet hôtel, à ces couloirs de l’aéroport sans y penser a moi, je le sais. Ces grands couloirs obscurs, tu te souviens ? Notre conversation au milieu des forts bruits des machines de nettoyage et des escaliers électriques, je t’avais dis : Tu n’oublierais jamais cette rencontre. Je ne me souviens pas très bien ce que tu m’avais répondu. Mais je me souviens que très vite tu m’as dit que tu sentais en moi un sens poétique. C’est à ce moment que j’ai eu envie de me rapprocher de toi, j’ai eu envie de t’embrasser. Je me suis rendu compte que j’aurai une grande tristesse si je ne te voyais plus jamais. Carlos.

Laisse moi continuer avec mon histoire de mon dépars de Quito. Ca ne fait pas très longtemps que je connais cette ville, et je l’aime déjà. Elle est arrivé a moi par accident, mais elle est généreuse, elle m’apporte l’intervalle nécessaire pour pouvoir reprendre le dernier morceau de mon voyage, le morceau plus important.

J’avais lu quelque part que les besoins arrêtent d’être importants une fois on les satisfecit. Intéressant. Car pour moi, j’ai un vrai besoin de venir au Pérou, mais quelque part je craint une chose : Je me demande si une fois mon besoin de me retrouver avec ce pays sera satisfait je me sentirais vide, banale, triste, car j’aurais perdu le fantasme de la nostalgie. Se fantasme qui m’a accompagné et qui fait parti de moi depuis plus de dix ans.

Pendant le repas je pensais a qui serais je après cet rencontre avec mon pays? Qui serais je? Je ne serais plus l'Alma qui ne peut pas rentrer à son pays, je n’aurais plus cette lourde histoire devant moi. Non. Je serais une autre. C’est un risque que je suis prête à prendre. Toi et moi on s’est connu au moment ou mon statut d’exilé était en train de changer. Apres ce voyage, je ne serais plus jamais cette étrangère forcée. Je serais une étrangère par choix. Les choix, c’est difficile de prendre des choix, ne c’est pas Carlos, mon cher Carlos d’une nuit XX vécu dans cette capsule d’aire qui était notre chambre d’hôtel. J’ai une pensée dans la tête : toi et moi on a pas encore vu le ciel ensemble, ni la lumière du jour.

Ma conversation avec Samaniego continue, j’ai un bon feeling de cette rencontre. En parlant avec lui je commence a voir mieux l’idée pour mon film: Une maison prise. La casa tomada. Je lui raconte brièvement l’ histoire : « …Elle se déroule dans une maison ou on emmène des gens. Les gens arrivent avec les yeux bandés. C’est une histoire construite à partir les relations qui s’établissent entre les gens qui habitent dans cette maison….. » Je sens que je tremble, je lui regarde, et son calme me donne la confiance pour continuer. « Mais eux, ils ont été menés dans cette maison là à la force… » Je lui dis. « Elle est ou cette maison, dans quelle ville ? Tu veux tourner a Quito ? » Me demande Samaniego. « C’est Lima » Je luis dis, « ça pourrais être Quito aussi… »

« Mais non, ici, c’est les Andes, Lima c’est la cote, la mer, tu ne pourrais pas tourner ça ici… » Je me rends compte que j’ai perdu un peu le sens géographique, dans ce moment j’habite dans une seule pensée : Mon retour au Pérou.

Je reprends : « L’histoire commence par un jour à Lima. Une ville. Différent maisons dans les quels les gens sont en train de mener leur vie quotidienne. Une femme et un homme regardent la télévision avec, sans passion. Un homme qui lave les assiettes avec sa femme allemande qui lui donne des ordres. Une femme dans une autre maison en train de se préparer pour dormir. Un homme qui répare et nettoies une voiture. Un autre qui dort dans une chambre, entouré de ses guitares, on entend de la musique, il s’endort. »

« Tout d’un coup on entend une sirène d’alerte dans la ville. Une couleur rouge inonde leur visage, ils regardent tous dehors. Leur visage s’illumine par une couleur rouge et il s’éteint peu après. »

« On voit des jambes avec des bottes en train de courir. Des bottes militaires. Ils rentrent dans les maisons, sans taper, sans annonce. Ils arrivent. Le ciel devient très obscur, il devient presque bleu : la nuit se prépare pour mourir. Pour mourir et donner rentrée au petit matin. Lima s’endort. Lima se réveille. La vie change, c’est l’aube qui accueilli le changement de saison dans la vie de ses gens. »

« Une belle idée » me répond Samaniego. Oui, je lui dis : « Je ne crois pas qu’assez de choses soient dites sur notre histoire, notre histoire proche, sur les raisons d’autant de violence et destruction. Toutes les histoires sont toujours racontés en partant d’un point de vue, et notre histoire a été toujours raconté par un point de vue externe, le point de vue des militaires, des policiers, mais ou est le point de vue des gens adeptes a ce mouvement qui a changé l’histoire contemporaine du Pérou? »

Je change de posture, et je m’arrête : « Diana, il faut qu’on essaye encore avec mon avocat ». Je veux que mon avocat cherche quelqu’un pour venir à l’aéroport. On essaye d’appeler encore et ça ne marche pas. L’avocat ne répond pas. Je commence à être un peu inquiète. Même si il m’a répété qu’il n’y aurait pas des problèmes, que j’étais libre de rentrer, même si j’ai des bons amis qui viennent me prendre à l’aéroport, j’ai encore un grand besoin d’être rassuré.

Je vois l’heure, il faut partir. On paye, et je dis vite au revoir à Samaniego, il me demande : « Mais après ? L’histoire, comment elle est finie ton histoire ? » Je lui dit que la fin de cette histoire je l’aurai après mon voyage, que c’est un sujet très proche a moi, que je la finirais quand j’aurais toutes les bouts qui restent, que je connais pas encore.

Je promets à tout le monde de se revoir à mon retour. J’essaye sans succès une dernière fois d’appeler mon avocat…. Je prends mes valises, il faut que je continue mon dernier bout du chemin. 

L’avion annonce qu’il décolle pour Lima, j’ai dans ma tête les dernières images de Quito. Je suis la, je vais à la rencontre de moi-même.

Monday, November 26, 2012

FISH IN WATER

You carry me through the waves, ocean, in you i levitate.

BEAUTY

- What is beauty? asked the fish
- Nobility is beauty, the only thing worth worshiping in life, like poetry....You know you are close to beauty when your senses breath, and your spirit feels eternal...
- Why there is no more beauty in the world? asked the fish
- Because of fear, because of anger, because of lack of wisdom.....When you find beauty honor it, it will make you immensely happy. In the presence of beauty one should surrender. The only battle where surrendering is winning.....
- I am not sure I know how to live with beauty, what should I do? said the fish
- You cannot enjoy beauty if you live in that cage of yours...Beauty is about freedom, with fear you will never have freedom. We can transform landscapes of our reality into realms of imagination, where everything says something to us. To enjoy beauty you do not need to travel, you do not need to go anywhere, there is the beauty of the decadence, the beauty of the old, the beauty of the deserts, beauty is, my friend, beauty is everywhere, it just takes a noble heart and eye to find it.....
- Can you teach me how to honor beauty? said the fish
- Start now, and remove that filter of yours, the filter you have in front of your eyes, the one which prevents you from looking further. Drop the heavy burden you carry with you. There is nothing to be carried in the realm of beauty. Get ready to fly, enjoy every cloud, its impermanence, enjoy the air you breathe, enjoy yourself, enjoy the water, enjoy the sound of the wind. That is beauty, look no further.....
- I still don't know how to honor beauty...why is this?
- Because, my friend, you are too attached to illusions. We are all going to die, life is not worthwhile if you do not honor its beauty, the miracle that it is...that is really the only thing that matters. Beauty is peace, and everything worthwhile in this world like love has beauty imprinted on it...it is the only thing worth pursuing....But, you have to find it alone inside of yours, it is not sold anywhere, it is not sold in any form....

(conversations of a fish and the ocean)


Monday, November 19, 2012

LUZ DE NEON

bajo la luz de neon trabajo
blanca, a veces siento que penetra mi alma
la vida se detiene frente a la pantalla
mis pupilas dilatadas electrónicamente
donde estan mis pies
sino son los que cuelgan de mi asiento?
y mi espalda, aquella que soño con alguna vez bailar?
aquellos brazos que he cultivado para abrazar
y los pies que ansian recorrer tierra polvorienta?

esta ira, amigo mio, esta ira
no es sólo mia
esta ira es la luz que me cubre, la luz blanca de la oficina
la pantalla que me ata a un cubiculo
las ruedas de mi silla
el tono de voz de la gente
las miradas pegadas a los ordenadores
el sonido del teclado
día tras día


esta ira, amigo mio, es esa luz blanca que penetra mi alma diciendole:
"ahora, te ha tocado ser esclava"


xxx

Saturday, November 3, 2012

VOLVER A AMAR

a media voz te contaré las cosas que recuerdo
a media luz acariciaré tu rostro que regresa
para que en él una sonrisa se dibuje
cargaré en el bolsillo de mi blue-jean unas pequeñas notas
las leeré antes de verte y dirán "adiestrame poeta"
o quizás "me estoy rindiendo, pero tropiezo como bestia intrepida"

luego, acariciaré tu frágil sonrisa
la besaré
y te diré a media voz:
"adiestrame, poeta
para ser blanda como tu alma me lo pide"

MANTRA DE HOY

Deja de atacar a quienes te aman. Y amarlos por lo que son. Son tuyos si tú te entregas.
POEMA PARA HACER EL AMOR

(ANTONIO CISNEROS)

Para hacer el amor debe evitarse un sol muy fuerte
sobre los ojos de la muchacha, tampoco es buena la sombra
si el lomo del amante se achicharra

para hacer el amor.
Los pastos húmedos son mejores que los pastos amarillos
pero la arena gruesa es mejor todavía.
Ni junto a las colinas porque el suelo es rocoso
ni cerca de las aguas.

Poco reino es la cama para este buen amor.
Limpios los cuerpos han de ser como una gran pradera:
que ningún valle o monte quede oculto y los amantes
podrán holgarse en todos sus caminos.

La oscuridad no guarda el buen amor.
El cielo debe ser azul y amable,
limpio y redondo como un techo
y entonces la muchacha no verá el dedo de Dios.

Los cuerpos discretos pero nunca en reposo,
los pulmones abiertos,las frases cortas.
Es difícil hacer el amor pero se aprende.

(De Agua que no has de beber).

Wednesday, October 17, 2012

Kindle

Tengo un Kindle, dentro de él decenas de libros.

Tengo 500 amigos en Facebook, y a diario gustan y yo gusto de mis fotos y de sus comentarios.

Desde Twitter, en lo que debería de ser el canto de un pájaro, lanzo a diario mensajes de 140 letras a desconocidos.

Si un día se corta el Internet, amanezco sin libros, sin amigos, sin mensajes, sin correos, sin noticias, sin cantos de pájaros, sin Skype, sin ninguna realidad a la que creo que poseo.




Monday, October 15, 2012

Peces

Esta colera que evenena
No sólo mi amor, sino el tuyo
No sólo la vida, sino también la muerte
Esta colera heredada, 
Bestia cuyas garras destrozan la yugular de mi presente
Deseo erradicarla, exiliarla, ponerla detrás de barras,
Sustraer el veneno de esta coléra
de mi pequeño lago
en el jardin de mi patio
para que el sol le de a los peces
que acojo en mi remanso

Tuesday, August 21, 2012

When Only Death Speaks

(A poem dedicated to those who lost their land)

I feel pity for the thief
who steal the voices
and wraps them in color paper
to be sold as pretty words

I feel pity for the thief
taking inhabited homes
together with the sky and clouds above,
together with the sand and the unpronounceable rivers, lakes, deserts and mountains,
sealing them under a brand new name


I feel pity for the thief
for he does not know
He has taken the body, the sound, the shape, the land, the speech, the words, the sky, the light, the roads
he has taken my unknown home,

yet, I feel pity for the thief
because he has taken everything
except my soul

Monday, August 6, 2012

La Plaza (2012, Beijing)











UTOPIA

Cerró Utopía. La librería fundada por el profesor Han Deqiang era un lugar de encuentros y debates de intelectuales de izquierda. Como muchas cosas en Pekín esta librería está escondida, no está en la calle sino en una oficina en un edificio en el distrito universitario de la capital. La foto fue tomada antes del escándalo que hizo caer a Bo Xilai, uno de los políticos más controvertidos de China contemporánea, y también la causa del cierre de la librería. Hoy el profesor Han se pregunta si Utopia volverá a abrir sus puertas. (Abril 4 2012)

Sunday, August 5, 2012

No recuerdo tus ojos pero sí lo que vieron

No recuerdo tus ojos
pero sí lo que vieron

Luis Hernández

Montserrat Álvarez. De nosotros decid. 1991

Vosotros que vendréis más tarde que nosotros
para sabernos bárbaros y antiguos,
historiadores del futuro,
de nosotros decid que fuimos habitantes
de un mundo prehumano, semidivino, semibestial,
precario, fértil en aciertos, fértil en errores

Que habitamos un país en el que las hogueras
dibujaban
en los cerros nocturnos el rojo resplandor de hoces
y martillos

Que venimos de un tiempo de tabernas y de
airadas consignas
vociferadas bajo los rochabuses

Decid que nuestros perros eran largos y tristes y
caníbales

Que en la medianoche de la Plaza de Armas el
Hambre conversaba con Pizarro

Que la Peste nos recibió en su lecho y que nos
brindó asilo y fuimos como hermanos

Que bebíamos con la Muerte y con la guerra en
una misma mesa y reíamos juntos

Que hacíamos poemas y escupíamos de lado que
estábamos tuberculosos y que nos odiábamos
los unos a los otros

Que traicionamos y que nos traicionaron que nos
señalamos con el dedo y que el cielo en
octubre era morado y rojo

Que alzábamos la voz para increparnos que nos
asesinamos y nos reprodujimos y que muchos
murieron y no se dieron cuenta

Montserrat Álvarez. De nosotros decid. 1991.

CRONICAS DEL CINE CHINO

"Yo me siento a pensar frecuentemente cómo tratar los temas para que puedan pasar la censura.."

Entrevista de Isolda Morillo a Jia Zhangke (*), ganador en el 2006 del León de Oro de la 63ra. edición del Festival de Venecia por su película "Naturaleza Muerta" ("Still Life"). Abril 2007 (Publicada previamente en APCH)

Adalois: Esta película tiene como contexto la Presa de las Tres Gargantas, ¿porqué elegiste este lugar como escenario de tu película?

JiaZhangke: Es cierto que la Presa de las Tres Gargantas del río Yangtze se aleja un poco del "lei motiv" de mis películas, que es mi tierra, Shanxi, pero para mí la Presa constituye una metáfora de lo que esta sucediendo en China actualmente.

Tomé contacto con este lugar y su gente a raíz de una iniciativa del pintor Liu Xiaodong. Él se estaba mudando a la región de la Presa de las Tres Gargantas para retratar a obreros de la construcción y yo quería hacer un documental basado en su trabajo pictórico. Fue así como poco a poco empecé a entrar en la vida cotidiana de los obreros y demás residentes del pueblo de Feng Jie, uno de los pueblos aledaños a la Presa.

A mí me llamaba la atención que un tema que había estado bajo el candelero durante el 2000 al 2004 se hubiese esfumado de los titulares y de los medios de comunicación al haberse terminado de construir el proyecto. Antes no sólo los medios chinos sino los extranjeros seguían de cerca el tema de los desplazados, las destrucciones de los pueblos, etcétera. Pero una vez que se terminó la construcción los medios se retiraron y la región quedó sumergida ya no sólo por las aguas del Yangtze, sino por el silencio y olvido de la gente. La gente olvida la
gran transformación que había sufrido esa región. Esto picó mi curiosidad y quise profundizar y conocer mejor la vida y los problemas de la gente de esa zona. Fue así como a la par del documental empecé a organizar la idea del rodaje de esta película de ficción.

China ha experimentado enormes cambios en las últimas décadas: el fin de la revolución cultural de finales de los 70, el inicio de la política de apertura, etc. Los cambios han sido gigantescos, han sido como una avalancha, como la avalancha de las aguas del Río Yangtze que hundió a miles de pueblos con el solo objetivo de construir la mayor presa de China que pueda abastecer de energía al país.

Adalois: Tú eliges como personajes centrales de tus películas personas comunes y corrientes, que viven en ciudades anodinas, semi-industriales, semi-rurales. ¿Hay cierto contenido social en tus películas, es algo intencional....?

JiaZhangke: En realidad lo que a mí más me interesa son las personas, la vida, la existencia, el sentir de la gente. Punto.

En China la vida de los individuos es muy afectada por lo ideológico, por lo político, por lo público, por lo social. En China no se puede hablar de lo personal sin hablar del contexto social y de la política. Cada vez que te enfrentas a la realidad de un individuo te enfrentas también a su contexto social. No hay espacios privados para tratar los temas personales.

Yo elijo como enfoque a las personas, no a los temas sociales. Los temas sociales de los que hablo son derivados de mi inquietud hacia lo existencial.

Ciudades como Pekín, Shanghai, Cantón se desarrollan muy rápido, su economía crece mucho todos los días, hay mucha riqueza, y esto no se puede negar. La realidad de estas ciudades es demasiado conocida, lo que pasa allí casi no sorprende.

Pero la mayoría de gente china no vive ni en Pekín ni en Shanghai, vive en ciudades medianas, pequeñas, alejadas del desarrollo de estas grandes urbes. Viven en ciudades, como tú dices, medio rurales, medio industriales.

Para mí, este grupo de gente, que son la mayoría, es el que conforma el grueso de la identidad de la China de hoy. Lo que me interesa como realizador es la vida de esta gente. ¿Cómo son? ¿Cómo viven? Me interesa aquello que se encuentra al margen del gran desarrollo que todos conocemos. Por eso todas mis películas están situadas en pequeños pueblos.

Creo que hay un cierto estado de ánimo particular que sólo se percibe en estas regiones pobres y alejadas que no se benefician de la opulencia. Me interesa este estado de ánimo porque creo que es el estado de una gran mayoría de gente en China. A través de ellos se puede percibir otra cara de China. Si has visto mis películas, es palpable mi interés por la vida de la gente llana, eso se debe probablemente a que yo también vengo de un contexto similar. Yo nací y crecí en el pequeño pueblo de Datong. Mi infancia, mi experiencia vital está impregnada de esos recuerdos.

Adalois: Al elegir estos temas que no muestran el lado más óptimo de China, ¿has tenido algún problema con la censura al momento de obtener permisos para filmar o para distribuir tus películas?

JiaZhangke: Este es mi más grande reto, porque tiene que ver con el medio en el que produzco y realizo las películas. No podemos negar que en China existe todavía un sistema de censura y lamentablemente el impacto de esta censura alcanza al ámbito del universo creativo de un director.

Yo me siento a pensar frecuentemente frente al reto de cómo tratar los temas para que puedan pasar la censura, aunque no es el único problema que tenemos que superar. El mercado, es otro de nuestros nuevos obstáculos. Para poder trabajar y distribuir en China ahora tenemos que tener en cuenta nuestro mercado. Últimamente el gusto de los espectadores chinos está siendo afectado por las películas de los estudios de Estados Unidos. Estas películas empezaron a entrar en China a partir de los 90. Y el impacto se ha dejado sentir, la gente está empezando a pedir películas de "entretenimiento", y acude a los teatros a ver películas sencillas, de aventura. El cine que pretende reflexionar desde un ángulo humanista sobre lo existencial o social es cada vez menos apreciado. La anterior generación de cineastas tenía un público un poco más interesado por lo político, por lo social, por la reflexión y por la crítica. Es por eso que digo que estamos frente a dos grandes retos: Uno es el reto de la censura y el otro es el reto del mercado.

Hay que tener en cuenta que China es un país muy dinámico, ha venido cambiando mucho desde inicios de los 90. Hemos creado el movimiento del cine independiente justamente en este proceso de búsqueda de nuevos medios para producir y distribuir. Para mucha gente aquí los DVD piratas son una buena manera de acceder a las películas, pero no son una solución para nosotros. Yo empecé a producir en los 90 y tengo realizadas cinco películas. Hemos resuelto a nuestra manera, a veces sin permisos, a veces con poco dinero, nuestros propios problemas de producción. Estos problemas son el resultado de la carencia de una
industria independiente y madura, y de la censura. Pero si no tenemos estudios que nos apoyen nos prestamos dinero de empresas privadas; estamos haciendo lo posible por encontrar nuestra propia vía de mantener nuestra independencia y libertad. No nos estamos quedamos con los brazos cruzados.

De cualquier modo, creo que la situación algo ha avanzado. Antes, para concedernos el permiso de filmar, la Censura te pedía presentar todo el guión, tratamiento técnico, ficha de actores, técnicos, etc. Ahora son menos estrictos.

Adalois: Las películas de la Quinta y Sexta generación de cineastas chinos ha tenido mucho éxito en el exterior. Sus películas, realizadores y actores son a veces más conocidos fuera que dentro de China. Sus películas obtienen premios y se venden bien fuera. En tu caso, ¿cómo afecta esto a tus producciones?

JiaZhangke: Prefiero pensar que la venta de películas chinas en el exterior, o los éxitos y premios obtenidos fuera, no nos influyen demasiado. Quiero decir, en sustancia.

Lo digo porque lo que pasa fuera no tiene una influencia directa sobre la política de cine de nuestro país. Más bien, creo que nuestra industria sigue una evolución propia. Cualquier cambio que pueda haber en nuestra industria vendrá de la mano de una reforma en el sistema político. La administración está al tanto del rol de la censura en nuestra creatividad, imaginación, capacidad de juego, etc. Creo que si esta censura se mantiene rígida nuestro cine se quedaría sin futuro,
sin imaginación. Hay una demanda dentro del país que clama por una mayor apertura. Esta demanda no es reciente, existe desde los 80.

Ha habido avances. Mi última película por ejemplo ha sido aprobada por la censura para ser filmada y distribuida dentro de China y se presentará aquí a inicios del 2007.

Esto me ha costado mucho, ocho años de batallas con la administración. "El ladronzuelo Xiao Wu", mi primera película, y "Placeres Desconocidos" no pudieron ser distribuidas en China, y esto me ha dolido porque mi objetivo es compartir mis películas con el público chino, y el no poder hacerlo me causa una gran frustración.

Adalois: En tus películas tú filmas con actores no profesionales, y muchos califican tu cine como de un realismo radical, de gran influencia del cine documental. ¿Estás de acuerdo en esto o crees que es una simplificación?

JiaZhangke: Mmmm. Yo trabajo con temas de la realidad, pero siento que tengo que usar mucho mi imaginación. Mi estilo es ciertamente cercano al documental, pero hacer un documental no es poner una cámara, apretar el gatillo y rodar. La imaginación que tienes que aplicar para construir una historia dentro de la realidad existente es aún mayor. ¿Cuál es la frontera entre lo real y lo imaginario? Es muy fácil llamarle imaginación a los efectos cinematográficos, hacer que la
gente vuele o hacer crecer extrañas plantas del suelo. Creo que el reto del realismo es aún mayor.

Mi vida ha transcurrido en diferentes épocas. En mi temprana juventud yo no sabía lo qué era la moda. Luego llegó la cultura pop, plagada y marcada por canciones de moda de Hong Kong y Taiwán, luego llegaron las canciones de Estados Unidos y así por el estilo. Todos estos cambios han sido muy rápidos. Por eso para mí la música pop es un referente importante en mis películas, porque durante mi juventud no había otra forma de diversión que escuchar música. Mi generación ha sido testigo de cómo la cultura pop ha invadido poco a poco nuestras vidas. Esto está marcado en mi memoria. Por eso cuando decidí hacer
una película como "Plataforma", situada en la década de los 80, encontré inmediatamente una referencia en la música. En esa película cada momento está representado por una canción o un tono de moda. Esa es mi realidad. Mi ángulo.

Para mí el cambio de China no es sólo un cambio económico. Nuestra realidad ha cambiado. Antes no teníamos máquinas de lavar o televisiones. No teníamos abundancia de alimentos. Ahora aparentemente hemos pasado a una cierta opulencia material. Pero ¿qué conforma nuestra realidad? Creo que el impacto más grande para la gente ha sido el cambio espiritual, el cambio de valores, de ideales. ¿Cuáles eran nuestras referencias culturales antes? Las óperas, los modelos de la revolución cultural y una literatura monotemática. Ahora tenemos otras referencias y han afectado nuestros parámetros culturales. En estos últimos diez años hemos tenido una gran transformación y es eso lo que yo quiero reflejar, la vida bajo esta gran avalancha.

Al inicio de los 80 nuestra realidad era otra. Había una real apertura. En las calles del pueblo de Shanxi donde crecí se vendían libros de Nietzsche, Schopenhauer, Freud, Kafka y otros autores y filósofos extranjeros. Esa fue una época muy rica. Ahora, ¿qué reina en China? El consumismo...Ahora difícilmente encuentras un quiosco de libros. Esto es muy triste.

Adalois: Tú tocas siempre temas "sociales" y ciertamente no escoges temas exóticos o que reflejen las maravillas del desarrollo de China, sino más bien lo contrario. ¿Te consideras un director "rebelde"? ¿Es importante ser crítico para ti?

JiaZhangke: No creo que la protesta, el reflejo de la realidad y la responsabilidad social estén dentro de las tareas de un cineasta. Estos son sólo alguno de los factores que puede tomar en cuenta un realizador. Como director, para mí hay dos cosas importantes en mi trabajo: encontrar mi propio ángulo desde donde observo la vida, mi época y mi historia. En segundo lugar: tener un punto de vista que aporte una nueva opinión, encontrar mi propio lenguaje, mis maneras de
expresar mis ideas. Estas son para mí mis prioridades como realizador.

El tema que he elegido para mi última película "Naturaleza Muerta" está vinculado a un contexto a través del cual puedo transmitir los cambios que están ocurriendo en la sociedad china desde finales de los 70. Creo que estamos ante el cierre de un ciclo, y quizás ahora tenemos la oportunidad de hacer una evaluación de la "política de reforma y apertura". Pero, como cineasta, no es mi intención ni mi responsabilidad evaluar este periodo. Lo que sí puedo hacer es presentar mi punto de vista, mi opinión, mi comprensión de esta época.

Mi manera de retratar a la China actual es a través de contar historias humanas, tal como lo hago en esta última película "Naturaleza Muerta" donde hay dos personajes. Es la historia de una persona que va en búsqueda de su mujer que ha dejado en su pueblo natal. Cuando finalmente logra encontrarla se da cuenta de que ya nada los une y deciden separarse. Esta historia podría tomarse a la vez
como una apología o como una negación del amor. Para mí el tema central es la ruptura. La opción de la ruptura en esta historia representa para mí una realidad que han tenido que enfrentar varias generaciones frente a los grandes cambios en China. Para mí la ruptura es quizás lo que mejor representa a la identidad de la nueva persona china.

En mis anteriores películas los personajes viven dentro del "status quo", aceptan su destino. Creo que en estos últimos 20 años hemos empezado a tomar real conciencia de lo que significa la individualidad y libertad personal. Nuestro sentido de la existencia se está haciendo cada día más "moderno". Por ello, la decisión de ruptura de estos dos personajes es para mí también una manera de afirmar la libertad y rescatar la posibilidad de una vida digna.

Adalois: Tu generación (que surge alrededor de fines de los 60 e inicios de los 70) nace y se cría todavía en la Revolución Cultural y recibe una educación muy marcada por los vestigios de esa época. ¿Cómo te afecta esto? ¿Cómo se puede tener un punto de vista crítico, o en todo caso, una cierta distancia, al haber recibido una educación tan marcada por la ideología?

JiaZhangke: Creo que nosotros tenemos la posibilidad de romper con los límites establecidos porque en el gran contexto, en China, el clamor popular tiende hacia una demanda de mayor libertad y mayor apertura. Este es el contexto real dentro del cual yo trabajo. Además, cada vez estoy más convencido de que el cine nos aporta la posibilidad de ampliar nuestra visión. A mi modo de ver, sólo yendo hacia lo extremo es como podemos transgredir y ampliar los límites de lo establecido.

Por ejemplo, hace algunos años era imposible hablar de la homosexualidad, era un tema absolutamente censurado. Las obras del poeta Liu Xiaobo y la socióloga Li Yinhe, y películas como la de Zhang Yuan "East Palace, West Palace" han logrado ampliar nuestro radio de expresión en este tema. Ahora fíjate en los principales medios, hasta se ha puesto de moda hablar de esto. Quizás el cine puede jugar este rol, y la fuerza de un cineasta también se hace patente en su capacidad de ampliar nuestra visión del mundo, o de ofrecer otro punto de vista, transgredir ciertos límites.

Algo que sí me preocupa es la libertad de espíritu de los realizadores chinos. Tienes razón, nosotros nos hemos criado y educado bajo el viejo sistema. Yo nací en 1970, mi educación de la escuela primaria es absolutamente una educación de la revolución cultural, y mi educación posterior mantenía totalmente su influencia.

Es cierto que al momento de hacer nuestro trabajo tenemos que reflexionar cuánto traemos de nuestra educación pasada, cómo retarla inteligentemente, cómo darle mayor apertura sin caer en los clichés. Trabajar en China conlleva muchas trabas que ni puedes imaginar; por un lado el "status quo" que está allí, no ha cambiado, el sistema político y todo eso que conoces bien, pero por otro lado tenemos lo que pasa fuera, la gente y su conciencia. Nuestra conciencia colectiva y el sistema son dos fuerzas que están enfrentadas. Una contradicción que demuestra una necesidad de mayor libertad.

(*)Jia Zhangke es considerado uno de los exponentes más importantes de la denominada Sexta Generación de cineastas chinos. Dicha generación es también conocida como la "generación urbana" o los realizadores de cine "independiente", para diferenciarlos de los representantes de la Quinta Generación, como Zhang Yimou y Chen Kaige, cuyas obras se centran en temas tradicionales y generalmente rurales.

Ganador del León de Oro de la 63 edición del Festival de Venecia en el 2006 por su película "Naturaleza Muerta" (Still Life), las obras de Jia Zhangke se distinguen por el uso de un lenguaje cercano al "neorrealismo" y una estética documental. Quizás el rasgo más marcado de Jia Zhangke sea el acoger a los "excluidos" como personajes y lugares centrales de sus películas, aquellos excluidos de los beneficios que está generando el gran desarrollo que experimenta China, y mostrar cómo los cambios y la transformación social están
afectando la vida cotidiana, la cultura, y el sentir de la gente común y corriente.

La historia de su última película "Naturaleza Muerta" tiene lugar en Feng Jie un pueblo cercano a la Presa de Las Tres Gargantas del río Yangtze. China concluyó la construcción en el 2006 de la presa con mayor capacidad de generación de energía en el mundo, y para ello tuvo que trasladar y movilizar a pueblos y personas asentadas desde hace siglos en las orillas del Yangtze.

La presentación de las obras de los realizadores chinos está frecuentemente salpicada de controversias y polémicas. Al hacerse Jia Zhangke en el 2006 con uno de los más preciados galardones de la industria, la prensa vinculó el fallo a una reacción del jurado ante la censura que las autoridades chinas acababan de imponer a otro conocido director de cine (Lou Ye) por saltarse los reglamentos y
presentar su película "Summer Palace" al Festival de Cannes sin el correspondiente permiso gubernamental.

La película de Jia Zhangke se estrenó en China a principios del 2007. A pesar de los galardones obtenidos en el Festival de Venecia y en el Asian Film Award, donde Jia Zhangke ganó el premio al mejor director el pasado 20 de marzo en Hong Kong, comercialmente en China los ingresos de "Naturaleza Muerta" no han alcanzado las expectativas del director.

Es también autor de títulos como Pickpocket (1997), Platform (2000),
Unknown Pleasures (2002) y The World (2004).